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1 juin 2015
Comment limiter l'obsolescence programmée
Augmenter la durée de vie des appareils high-tech et ménagers: un moyen simple pour limiter les déchets électriques ou électroniques. En pleine semaine du développement durable, tour d'horizon des pistes qui se dessinent.
Votre téléphone portable a fêté son troisième anniversaire ? Pour beaucoup, c'est déjà une antiquité : en France, les utilisateurs en changent tous les dix-huit mois en moyenne. Les PC? En entreprise, ils passent rarement le cap des quatreans, et pas seulement parce qu'ils ne sont plus assez puissants : au-delà, les contrats de maintenance deviennent beaucoup plus chers. "C'est aussi une question d'image. Si on a du vieux matériel, on n'est pas dans le vent", observe Thierry Leboucq, fondateur de Kaliterre, société conseil en green IT ("high-tech vert").
>> Obsolescence programmée: finis les objets prêts à jeter?
L'appareil électrique ou électronique est devenu un objet de consommation courante dont on se lasse vite, pour le plus grand bonheur des fabricants. La batterie faiblit ? Bonne nouvelle : c'est l'occasion d'acheter le dernier modèle qui vient de sortir. Changer cette batterie aurait pourtant été plus économique. Plus écologique également : selon un rapport de l'Université des Nations unies, le poids des déchets électriques et électroniques a atteint 41,8 millions de tonnes en 2014, un nouveau record mondial.
Avec 22,2 kilos par habitant, la France arrive en huitième position des pays où l'on en jette le plus. Et 37% à peine de ces appareils sont correctement collectés pour être reconditionnés ou recyclés (dans la mesure du possible), selon les chiffres d'Eco-systèmes. Trop souvent encore, ils finissent dans la nature, où ils relâchent mercure ou chrome, entre autres composés nocifs.
Le consommateur peut limiter les dégâts. "Un matériel moins impactant est un matériel qu'on aura fait durer le plus longtemps possible", rappelle Thierry Leboucq. La moitié sont remplacés alors qu'ils sont encore en état de fonctionner, estiment les spécialistes. Peut mieux faire... Mais encore faudrait-il pouvoir distinguer à l'achat ceux qui seront réparés aisément. A défaut d'être un technicien accompli, on peut se fier au label Epeat Gold, attribué à des ordinateurs moins gourmands en énergie que le standard du marché, et qui se réparent et se recyclent mieux. Et la prochaine loi sur l'obsolescence programmée devrait bannir la commercialisation de produits dont la durée de vie aurait été "délibérément raccourcie" à la conception.
Si les cadors du marché semblent encore peu sensibles à ces questions, quelques initiatives en rupture avec le modèle actuel émergent toutefois. A Bidart, au Pays basque, Meta IT a conçu des serveurs moins énergivores, avec un système sans ventilateur, et une structure en aluminium, recyclé et recyclable. La société a aussi imaginé des ordinateurs qui s'éteignent automatiquement en l'absence d'activité, constatant que trop de personnes n'éteignent jamais le leur au bureau. Mais ces innovations engendrent un surcoût que peu de clients sont prêts à payer.
Julien Phedyaeff, lui, rêve d'écoconception pour tous. L'Increvable, son projet présenté à l'Observeur du design de l'Agence pour la promotion de la création industrielle (APCI) et au James Dyson Award, est un lave-linge créé pour fonctionner cinquante ans. "Aujourd'hui, pour faire de la marge, les fabricants utilisent des clips, parfois impossibles à ouvrir, explique ce diplômé de l'Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI). Moi, je fais en sorte qu'on puisse monter et démonter soi-même la machine, aussi simplement qu'un meuble Ikea." Si les obstacles techniques sont surmontés à un prix acceptable, reste à savoir quelle grande marque osera se lancer sur le créneau, quitte à bouleverser les règles du marché.
http://komalamaison.com